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Ce tableau, charmant de prime abord, s'est révélé un vrai casse-tête. J'ai déjà été confronté à un cas similaire mais il faut reconnaître que c'est rare.
Regardez cette oeuvre, elle semble innocente, propre, sans trop de problèmes, à part les repeints un peu violents dans le ciel en haut à droite. De plus elle a passé avec succès le test de la lampe de wood.
Petit rappel pour les cancres, un tableau placé sous la lampe de wood révèle tous ses petits secrets: Repeints, fausses signatures, etc. Le tableau apparaît dans un camaieu de bleu violacé plutôt clair, tout ce qui n'est pas original, apparaît bleu foncé voire noir. C'est un petit test très pratique pour éviter de se faire rouler.
Et bien moi, je me suis fais rouler dans la farine, comme un bleu (clair ou foncé, comme vous voulez.) Je me sens trahi, humilié, violé dans mon intégrité. Enfin bref, j'ai l'air d'un con, car il existe un procédé pour neutraliser les effets de cette dite lampe, c'est de vernir le tableau, après retouche, avec un vernis au plomb ou un gel acrylique. Procédés qui sont absolument proscrits car ces produits sont quasiment irréversibles, donc presque impossibles à retirer.
Ces procédés, utilisés par des "marchands d'art" peu scrupuleux, permettent de vendre des tableaux en piteux état qui ne valent plus grand chose. Le cadre était affublé d'une plaque en cuivre gravée d'un nom de peintre XVII° valant très cher. Attention, ce procédé est légal car il s'agit d'une attribution qui n'engage pas la responsabilité du vendeur. Manque de pot, le peintre en question sévissait au XVII° s. alors que ce tableau est XVIII° grand maximum. Ce qui veut dire que le peintre l'a éxécuté post-mortem, un vrai génie.
Mais là n'est pas la question. En général la présence d'une plaque sur le cadre, surtout quand l'oeuvre est dépourvue de signature, devrait entraîner une double vigilance chez l'acheteur et encore plus chez le professionnel que je suis, car c'est sûr à 99%, on veut tromper. (j'ai vraient été une tanche sur ce coup là)
1° travail, on se débarasse du gel acrylique en ramolissant ce dernier par l'application de cotons imbibés d'un mélange savamment dosé de solvants.
Et on gratte, de préférence avec des outils en plastique, le gel ramolli. Les zones blanches que l'on voit apparaître (évaporation des solvants) délimitent les parties où j'ai déjà gratté le gel. La peinture réapparaît telle qu'elle fût après l'intervention du retoucheur maudit.
Une fois cette opération terminée, il faut seulement enlever les repeints.
Le tableau apparaît alors dans tout son éclat. Enfin une bonne surprise. La peinture est en bon état.
Mais alors, me direz vous ? Pourquoi avoir mis un gel pour cacher que le tableau avait subi de petits accidents tout à fait courants qui ne gâtent en rien sa valeur marchande ?
Parceque, mon petit gars, la retouche d'une fissure horizontale aussi importante (voir photo) est très très compliquée en effet, les fonds sur ces tableaux sont d'une richesse époustouflante, profondeur rendue grâce à une succession de glacis translucides d'une délicatesse à te foutre le cul parterre. Alors le plus simple c'est de noyer le poisson en repeignant les fonds en marron caca, ce qui a pour effet de boucherla composition.
Ce genre de retouche est très complexe mais pas impossible et franchement, le jeu en vaut la chandelle, car cette oeuvre a retrouvé toute sa splendeur.
Le nettoyage de ce tableau a été réalisé avec le kit de nettoyage "La villa Saint Ghislain" vendu sur http://www.nettoyagetableaux.kingeshop.com/peinture-tableaux-cbbaaaaaa.asp
Benoît Cousin
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